Posts Tagged ‘Mexique’

Mexico : afilador au siècle précédent

27 juin 2014

Philogène Gagne-Petit n’est jamais allé au Mexique mais l’une de ses filles lui a rapporté il y a quelques années une brochure intéressante rassemblant des photos des petits métiers que l’on rencontrait au XXe siècle dans les rues de la capitale : Mexico. Comme en Europe, beaucoup de métiers étaient présents, des traditionnels aux plus insolites : vendeurs de crécelles, évangélistes, porteurs (sur le dos) d’énormes balles de paille, marchands d’oiseaux (canaris), musiciens de toutes sortes dont joueurs d’orgue de barbarie, etc.
Et bien entendu, les couteaux en inox n’existant pas encore, les rémouleurs avaient du travail. La photo ci-dessous en témoigne.

Afilador Mexico Espejos del siglo XX

Le banc de cet afilador semble lourd, il paraît donc exclu qu’il le porte sur le dos. En conséquence on peut penser qu’il le bascule de 90° vers l’avant afin d’utiliser la roue d’énergie comme roue de déplacement. Un procédé de mobilité souvent utilisé en Amérique latine (Cf nos deux récents articles). La photo n’est pas suffisamment détaillée pour que l’on puisse distinguer ses outils et ses accessoires. D’après les véhicules en circulation, on peut situer la scène dans les années 60 comme l’indique ie catalogue placé à la fin du livre. La photo est légendée : le rémouleur vient de siffler, allusion sans doute à la flûte de pan utiliée couramment par les rémouleurs en Amérique latine.

Références du livre : Ciudad de México – Espejos del sigle XX – José Joaquin Blanco – Ediciones ERA, 2004.

Sous le soleil de Puerto Escondido

7 octobre 2011

Puerto Escondido, ancien village de pêcheurs sur la côte Pacifique, au sud du Mexique, est aujourd’hui une ville portuaire de l’État d’Oaxaca. Fondée en 1928 pour le commerce du café, elle est devenue un attrait pour le tourisme et le surf. Peuplée de 20.000 habitants, son nom signifie Port caché en espagnol. C’est là qu’a été prise cette belle photo par Céline Ertem en octobre 2008.

Puerto Escondido

C’est la plage de cette station que regarde cet afilador. Il rêve peut-être d’aller s’y baigner et de s’y allonger un jour… Pourquoi pas ?
Et justement, ce qui est intéressant dans cette photo, c’est qu’il n’est pas en position de travail. Son banc de rémouleur est en déplacement donc basculé à 90° vers l’avant. La roue d’énergie est alors utilisée en roulement pour changer de place. On voit bien la meule dont la rotation, en position de travail, est obtenue par friction sur la roue d’énergie, il n’y a donc pas de courroie. On remarque aussi la selle sur laquelle notre afilador s’assoit pour pédaler et ainsi actionner la roue d’énergie. Enfin, le guidon qu’il tient dans les mains pour faire avancer l’ensemble devient l’un des pieds du banc lorsqu’il est en position de travail. Les accessoires et outils sont dans une musette que l’homme porte sur le dos.
– Photo © Céline Ertem à voir en grand format sur Picasa ICI (lien direct). Merci à elle.

Cyclo-afilador au Mexique

14 avril 2010

Nous avons à plusieurs reprises depuis la création de ce blog présenté des rémouleurs du Mexique, qu’ils soient anciens ou contemporains. La série continue avec cette photo de Derek LIGHT, prise à l’été 2009, qui nous permet de bien voir le fonctionnement de l’installation de ce cyclo-afilador.
Le banc de cet aiguiseur est parfaitement et simplement intégré à la bicyclette. Constatons d’abord que pour aiguiser l’homme se retourne par rapport à la position de conduite. La roue arrière est surélevée grâce à un chevalet métallique qui, simultanément, stabilise l’ensemble. L’axe des meules est maintenu par deux paliers (de couleur bleue) de bonnes dimensions, probablement à roulements à billes, offrant ainsi une rotation fluide avec un minimum de frottement. La rotation de cet axe est obtenue par une poulie, elle-même entraînée par une courroie souple dont le mouvement est donné par la roue arrière de la bicyclette. La rotation de la roue arrière est provoquée par le pédalage de l’homme. Et si la roue arrière est équipée d’une roue libre, le pédalage doit se faire à l’envers… Quelques outils logés dans une sacoche complètent le tout.
Le sourire du rémouleur est en prime !
Son rémoulage terminé, l’aiguiseur enlève la courroie en prenant soin de la stocker en haut, repose la roue arrière sur le sol, récupère le chevalet, reprend la position de conduite et repart en pédalant à l’endroit…  Afilador de tigeras !…  Afilador…
Photos © Derek LIGHT. Merci à lui, avec nos excuses pour le recadrage !
Vue d’ensemble, sous un autre angle, en cliquant sur la photo.

Mexico au XIXe siècle

3 novembre 2009

Ce dessin est extrait du livre de Camille Pagé LA COUTELLERIE DES ORIGINES À NOS JOURS (Grand format, 6 tomes), publié en 1896. La bible des couteliers !
Réalisé d’après une photographie, il nous montre un métier rustique et certainement lourd. On peut se demander de quelle façon le rémouleur se déplaçait : il ne paraît pas être dans un environnement d’atelier mais plutôt dans la nature… Il travaille cependant sur un banc traditionnel comme il y en avait en Europe au XIXe siècle.
On pourra comparer ce rémouleur avec ses collègues de 2008 que nous avions présentés ICI et (liens directs).
On retrouvera aussi un dessin de rémouleur chinois (lien direct) publié en 2008, issu de l’ouvrage de Camille Pagé.

Rémouleurs-de-Mexico

Rémouleur à Mexico

25 juin 2008

Documents très récents d’un rémouleur à Mexico. Notre homme s’est équipé d’un touret à meuler à commande à main qu’il a fixé sur un support en bois. Il est assis sur un tabouret bas et avec ses deux pieds il stabilise son outil de travail. Tournant la manivelle de la main gauche, dans un sens ou dans l’autre (Cf la vidéo), il tient le couteau de la main droite. Outil et tabouret sont transportés sur un « diable ». Ce rémouleur va donc à pied.
Quelques remarques : au regard de sa chevelure, cet homme n’est plus très jeune. Ses ressources sont probablement modestes, son outil se trouve dans tout supermarché de bricolage à un prix raisonnable. Son équipement est vraiment minimaliste. Sans douter de ses compétences, on peut s’interroger sur la qualité de son travail : plié en deux, aiguisant d’une main en tournant de l’autre, il ne peut pas obtenir une grande précision. Mais pour survivre à Mexico DF, mégalopole de 20 millions d’habitants, il faut savoir prendre des initiatives. Notre homme se bat comme il peut…
Dans son usage, l’outil de ce rémouleur rejoint ceux utilisés dans la première moitié du XXe siècle par les rémouleurs des Balkans et du Proche Orient : une meule actionnée par une manivelle, le tout monté sur un chassis très simple. Nous aurons l’occasion d’en présenter un témoignage prochainement.
—>Voir aussi la VIDÉO et sur Mexico notre ARTICLE de mars 2008. 
– Photos et vidéo © Juliane Amblès – Juin 2008.

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Les rémouleurs : histoire et actualité

24 mars 2008

Voici le premier billet de ce blog des Rémouleurs. Il s’inscrit résolument dans l’actualité, en effet cette photo a été prise à Mexico le 6 mars 2008. Les petits métiers sont encore pré-sents au Mexique et en particulier les rémouleurs. La plupart ont équipé une bicyclette pour exercer leur profession, ce qui leur permet de se déplacer aisément. À l’arrêt, des stabilisateurs donnent une bonne assise à l’ensemble. Une batterie alimente le moteur électrique du touret à meuler, un bidon en plastique contient le liquide pour la lubrification. L’équipement a évolué mais le principe du métier reste le même : aller à proximité de la clientèle et repasser couteaux, ciseaux et autres outils tranchants.

Ceci est donc le premier billet d’une série que nous espérons longue et riche… À vos commentaires !

– Cliquer sur la photo pour l’agrandir – Photo © Juliane Amblès-2008