Allez savoir pourquoi, en apprenant récemment l’attribution du Prix Nobel de la Paix 2015 à la Tunisie, Philogène a pensé aussitôt à cette carte postale éditée il y a un siècle et représentant des « petits aiguiseurs » à Médenine, une ville de Tunisie ?
Chacun ses références, répondrez-vous avec raison.
Dans la collection de Philogène il y a quatre cartes de rémouleurs de Tunisie. Sur trois d’entre elles, ce sont des enfants qui sont au travail. Sur toutes les cartes, c’est le même type de métier qui est utilisé : un banc rustique, ultra simple, incliné en appui contre un mur, commandé par un pied du rémouleur.
Il semble que ce type de banc était très répandu dans tout le Maghreb pendant la première moitié du XXe siècle et sans doute bien avant.
Une jambe entraînant la rotation de la meule, le rémouleur était dans une position peu confortable pour aiguiser. Il devait déployer une grande énergie, la meule étant généralement de grand diamètre, donc lourde.
Comment ne pas s’étonner en voyant cet enfant fragile, un pied sur la pédale, aiguiser une modeste lame sur une meule énorme ?
Mais c’était ainsi, autrefois en Europe et il n’y a pas si longtemps en Afrique : les enfants représentaient une main d’œuvre non négligeable.
Ci-dessous, c’est le même type de banc qu’utilise un rémouleur adulte dans une rue du Vieux Tunis dans les années trente.
Ah ! Si tous ces gens avaient su qu’un jour de 2015, grâce à quatre personnalités formant le « Quartet » pour sauvegarder la démocratie, leur pays se verrait décerner le Nobel de la Paix…