Posts Tagged ‘Le Caire’

Égypte, début du XXe siècle

6 février 2011

L’Égypte, on en parle beaucoup ces temps-ci. Pas vraiment pour son riche patrimoine culturel, plutôt pour une actualité brûlante qui déboussole la politique internationale.
Comme partout dans le monde autrefois, il y avait des rémouleurs dans ce pays. En témoigne cette carte postale expédiée du Caire le 21 mars 1907 à destination de Bruxelles.
La correspondance, que nous avons coupée au profit de la photo, commence ainsi : Un « Scheerslip » caïrotte dans l’exercice de ses grinçantes fonctions… Évocation originale, un tant soit peu péjorative, des sons produits par le travail du rémouleur !

Egypte 1907 photo F

Le destinataire de la carte postale aura-t-il remarqué que, outre trois cerbères en tarbouche* (ce sont les termes du rédacteur), le rémouleur est accompagné d’un assistant tourneur de manivelle. En effet, suivez la flèche marron que nous avons ajoutée : la grande roue d’énergie est actionnée par un coéquipier de blanc vêtu dont nous apercevons un peu la tête ainsi qu’un bras. C’est lui qui commande la rotation de la meule. Le rémouleur ne fait qu’aiguiser, il ne pédale pas. Si on considère le grand diamètre de la roue d’énergie, on peut penser que la meule devait tourner très vite… et que le tourneur devait être épuisé en fin de journée !
Quant au banc d’aiguisage, de taille imposante, il devait être lourd donc difficile à déplacer, même à deux. La lenteur caractérisait les déplacements. Bon, mais à cette époque, il y a cent ans, on n’avait pas la même notion du temps qu’aujourd’hui…
* Tarbouche : sorte de bonnet porté par les hommes dans les pays ottomans (Définition du Petit ProLexis).
Voir nos précédents articles sur des rémouleurs égyptiens ICI et (liens directs).

Le Caire – 1970

15 octobre 2010

Intéressante photo de Michael DODSON, prise au Caire (Égypte) en juillet 1970. Intéressante car elle nous présente, fait assez rare, un équipage de rémouleurs. Oui, ce banc nécessite deux personnes pour fonctionner : l’aiguiseur et le tourneur. En effet, on ne voit pas de pédale pour commander la roue d’énergie. C’est le personnage de gauche, son attitude ne trompe pas, qui tourne une manivelle pour actionner la roue. Cette dernière est de bonnes dimensions, lourde, donc susceptible de produire une grande inertie lorsqu’elle est en rotation. Le lancement doit être assez dur mais ensuite il suffit d’entretenir le mouvement avec la manivelle. La structure du banc est simple, sans fioritures. L’essentiel est présent, en particulier le réservoir d’eau pour le refroidissement des lames à affûter. Quant au déplacement du banc, on entrevoit la solution. Il est possible que la roue d’énergie, très proche du sol, une fois la courroie de transmission ôtée, serve à déplacer l’ensemble qu’il suffit d’incliner légèrement et de pousser.

Nos remerciements vont à une lectrice anglophone de notre blog : Madame Linda DODSON, épouse de Michael DODSON, auteur de la photo. Madame Linda DODSON nous autorise la publication de cette photo qu’elle nous a communiquée et dont les droits restent réservés pour tous autres supports et pays.
– Photo © Michael Dodson. Droits réservés pour tous pays.
– Cliquer sur la photo pour l’ouvrir en grand format.
– On pourra comparer avec un rémouleur contemporain sur un marché du Caire en cliquant ICI.

Le Caire : sur le marché

25 septembre 2008

Belle photo d’actualité issue de Flickr. Le rémouleur est installé sur un marché du Caire, cette ville de 25 millions d’habitants, la plus grande d’Afrique et du Moyen Orient, à la circulation automobile intense d’où émanent jour et nuit les sons incessants des klaxons. Son dépotoir est probablement aussi le plus grand d’Afrique, voire le plus grand du monde : des centaines de personnes dont des enfants y vivent (en vivent ?).


Revenons à notre rémouleur : l’ensemble homme-machine donne une impression d’équilibre. L’homme est droit, son corps repose sur sa jambe gauche tandis que la droite actionne la pédale. Sur le modèle africain, son métier est simple et surtout compact, l’homme fait corps avec lui. Il le transporte certainement sur son dos. Une caissette en bois lui  permet de ranger quelques outils. Enfin, le métier est coloré, en harmonie avec la djellaba du rémouleur, tandis que la roue est rouge, sans doute pour avertir du danger qu’il y aurait à s’en approcher. Ce repasseur serait-il aussi un artiste ?
Un bel ensemble homme-machine, un beau témoignage, une belle photo.
Photo © balavenise. Voir son riche album PEOPLE AT WORK sur Flickr.