L’Égypte, on en parle beaucoup ces temps-ci. Pas vraiment pour son riche patrimoine culturel, plutôt pour une actualité brûlante qui déboussole la politique internationale.
Comme partout dans le monde autrefois, il y avait des rémouleurs dans ce pays. En témoigne cette carte postale expédiée du Caire le 21 mars 1907 à destination de Bruxelles.
La correspondance, que nous avons coupée au profit de la photo, commence ainsi : Un « Scheerslip » caïrotte dans l’exercice de ses grinçantes fonctions… Évocation originale, un tant soit peu péjorative, des sons produits par le travail du rémouleur !
Le destinataire de la carte postale aura-t-il remarqué que, outre trois cerbères en tarbouche* (ce sont les termes du rédacteur), le rémouleur est accompagné d’un assistant tourneur de manivelle. En effet, suivez la flèche marron que nous avons ajoutée : la grande roue d’énergie est actionnée par un coéquipier de blanc vêtu dont nous apercevons un peu la tête ainsi qu’un bras. C’est lui qui commande la rotation de la meule. Le rémouleur ne fait qu’aiguiser, il ne pédale pas. Si on considère le grand diamètre de la roue d’énergie, on peut penser que la meule devait tourner très vite… et que le tourneur devait être épuisé en fin de journée !
Quant au banc d’aiguisage, de taille imposante, il devait être lourd donc difficile à déplacer, même à deux. La lenteur caractérisait les déplacements. Bon, mais à cette époque, il y a cent ans, on n’avait pas la même notion du temps qu’aujourd’hui…
* Tarbouche : sorte de bonnet porté par les hommes dans les pays ottomans (Définition du Petit ProLexis).
– Voir nos précédents articles sur des rémouleurs égyptiens ICI et LÀ (liens directs).